Puis par grappes de centaines, de milliers de personnes, elle s’est dirigée vers le grand parc, non loin du centre de Modène. Ils furent 230000, le week-end dernier, à scander le nom de Vasco Rossi.
La star du rock contestataire fêtait ses 40 ans de carrière. Le plus grand concert payant de tous les temps, même les Beatles n’ont pas fait mieux. Dans la ville du parmesan et de Ferrari, les négoces ont fermé, le trafic a été interrompu, les messes du dimanche ont été annulées. La grand-messe des décibels, elle, a pris des airs de Woodstock.
Après le spectacle, la municipalité a démenti le buzz sur les réseaux sociaux, la découverte sur le « champ de bataille » d’une infinité d’objets domestiques ou de consommation hétéroclites, des trousseaux de clés aux téléphones portables en passant par les cartes de crédit, Rolex ou sextoys. Reste que ce ne sont pas moins de 100 tonnes de déchets qui ont été ramassées par les éboueurs.
Démesure à l’italienne. Epiphénomène de la démesure humaine dans un système de non-pensée où le méga fabrique les germes de sa propre extinction. Méga-rassemblements, méga-bouffe, méga-bombes… Méga-débris d’une « civilisation » vouée au culte du gasoil et du plastique. Otage des guerres du pétrole, du pillage des matières premières et de leurs conséquences, l’assèchement des terres d’Afrique, les méga-embarquements de migrants. Et leurs méga-débarquements sur les côtes d’une Europe dont la gouvernance conditionnée par la rhétorique marchande, viciée par la spéculation immobilière, abdique sa conscience culturelle pour sombrer dans le méga-vide spirituel du monde.