C’est un doux combattant qui est parti rejoindre un monde dit meilleur. Juriste de formation, Daniel Suter fut un pilier du «Tages Anzeiger», le grand quotidien zurichois où il travailla comme journaliste de 1991 à 2009. En 2009, il fit partie de la charrette qui aboutit au licenciement de 80 collaborateurs du Tagi. Problème: Suter présidait la commission du personnel, au sein de laquelle il se battait comme un beau diable pour défendre ses collègues menacés. Il déposa plainte contre son licenciement. Contre l’avis du tribunal de première instance mais faisant fi de la pratique de l’Organisation internationale du travail, tant le tribunal cantonal zurichois que le Tribunal fédéral ont jugé que cette mesure était légale.
En 2011, c’est donc un journaliste engagé qui a accédé à la présidence de la première organisation de journalistes de Suisse, 5000 membres. Pendant les quatre ans que dura son mandat, il se dépensa sans compter pour le retour d’un contrat collectif de travail (GAV) en Suisse allemande et italienne. Il fut l’artisan des actions dites du 13, une dénonciation mensuelle auprès de l’Inspectorat du travail zurichois pour violation de la loi sur le travail par la direction de certaines grandes rédactions. Sa ténacité toute empreinte de civilité et d’affable mais ferme insistance finit par porter ses fruits: en 2015, l’association des éditeurs accepta le principe de l’ouverture de négociations avec les syndicats en vue de l’élaboration d’un nouveau GAV.
Atteint gravement dans sa santé, Daniel Suter renonça à la présidence d’impressum en mars 2015, lors de l’assemblée générale des délégués qui se tint à Brissago. Son successeur, le soussigné, tint alors à exprimer tout le respect qui lui inspira l’idéal de cet homme au service d’une profession malmenée. Aujourd’hui je fais part de ma grande tristesse. A son épouse et ses enfants j’exprime toutes mes condoléances émues.