Se rapprochant à nouveau de son taux plancher par rapport à l’euro, la monnaie helvétique s’apprécie à tel point qu’elle donne des sueurs froides aux exportateurs suisses qui n’avaient plus connu pareil scénario depuis janvier 2013. La BNS poursuit sa vigilance sur le front des interventions mais semble se la jouer «zen» en écartant un retour massif des spéculateurs. Ces derniers feraient moins une fixation sur le franc que sur l’euro, lequel subit les effets de la conjoncture.
Place aux muscles. La vigueur d’une monnaie dépend de la confiance qu’elle inspire, ce qui est tout sauf le cas s’agissant de l’euro. La crise en Ukraine et la baisse du PIB allemand sont deux facteurs négatifs pour l’économie européenne donc pour la monnaie commune. Reflet des acrobaties de la diplomatie helvétique, à cheval entre sanctions contre la Russie et désir de profiler sa neutralité, le franc se tient coi. En revanche, le dollar a le vent en poupe. Nous avons vu, il y a quelques semaines, comment il demeure la référence sur le marché du pétrole où nul, pas même la Russie, ne songe à le contester. Focalisés sur un phénomène hors de l’entendement, l’endettement des Etats-Unis, ses détracteurs persistent dans la préfiguration de la chute de Gomorrhe, mais ils minimisent un autre facteur: le formidable élan multiplicateur qu’offre au dollar la course aux armements. Sur ce terrain industriel, sept parmi les dix principales sociétés mondiales sont américaines!
La fuite en avant du dollar se poursuivra tant que les Etats-Unis persisteront dans leur rôle de gendarme de la planète. A l’inverse, la vulnérabilité de l’euro cessera quand le vieux continent aura retrouvé toute sa marge de manœuvre politique. Le jour où les derniers GI’s auront quitté l’Allemagne et l’Italie?