L’informaticien qui livra les fichiers de 3000 clients français de l’antenne genevoise de la banque HSBC s’est refait une virginité grâce au service éminent rendu à Paris. Le dictionnaire en ligne Wikipedia ne lui octroie pas pour rien les lauriers du lanceur d’alerte. Pour une partie de l’opinion publique, il est un dénicheur de fortunes planquées, un pourfendeur de fraudeurs, un dénonciateur d’injustices, bref un Robin des Bois moderne. Falciani ne finira pas pour autant au Panthéon mais il pourra bénéficier d’ici-là d’une rente de situation derrière un paravent plus ou moins étatique. Assurément un beau retour sur piste pour quelqu’un qui n’était au départ qu’un flambeur de casino, un espion, un voleur, un homme qui a trahi la confiance de son employeur, un parjure qui n’a pas respecté la promesse faite à la Police judiciaire helvétique de ne pas prendre la poudre d’escampette.
Le foin médiatique créé par l’affaire HSBC n’empêchera pas la justice suisse de suivre son cours. Avant la fin de l’année, Falciani sera jugé par le Tribunal pénal fédéral où il devra répondre notamment de violation du secret commercial et de violation du secret bancaire. Si l’on voit mal l’homme, toujours sous le coup d’un mandat d’arrêt international, se présenter docilement devant ses juges, on peut surtout craindre que l’événement judiciaire ne bénéficie pas de l’audience qu’il mérite. En effet, beaucoup d’eau coulera encore sous les ponts, d’autres établissements suisses, et non des moindres, risquent de subir d’ici-là à leur tour l’indiscrétion et l’opprobre, une perspective qui alimente l’angoisse de leurs états-majors confrontés à la menace d’un nouveau SwissLeaks. Tapis à l’ombre de leurs ordinateurs, combien sont-ils, les nouveaux Falciani, qui attendent la première occasion pour activer une transhumance de fichiers confidentiels?