Cet accord de libre-échange signé au début du mois met rien moins que onze pays de la zone Pacifique sous la coupe de Washington. Parmi eux le Canada, le Japon, Singapour, le Vietnam, le Mexique, le Chili et le Pérou. Mais surtout le TPP est présenté comme le premier pas, le modèle d’un traité du même type avec l’Union européenne. Une alliance commerciale qu’identifient deux acronymes, TTIP ou TAFTA, selon que l’on en soit le partisan ou l’adversaire.
Hors bloc, la Suisse n’a pas une position facile face à ces manœuvres hégémoniques. A terme, il lui faudra prendre position, savoir comment se comporter à l’égard du TAFTA, si tant est que ce dernier voie le jour. Elle risque fort la marginalisation et surtout un statut de renégat si l’on considère qu’elle a conclu de son côté en 2013 un accord de libre-échange avec la Chine, son principal partenaire en Asie. Or l’Empire du Milieu est exclu tant du TTP que du futur TAFTA. Il en est même l’enjeu négatif dans la mesure où ces ententes constituent une arme américaine contre la montée de la Chine dans la géopolitique mondiale.
La Suisse sera-t-elle contrainte de prendre parti, un rôle qu’elle déteste? La pression pourrait s’accentuer sur elle au fur et à mesure qu’avancent les négociations TAFTA. Après le krach de 2008, il était de bon ton de parer la Chine de toutes les vertus. On faisait l’impasse sur les droits de l’homme, on minimisait les conditions de travail et les atteintes à l’environnement. Les délégations économiques helvétiques se ruaient à Pékin. Soudain, à lire et écouter les médias, on lui trouve beaucoup de défauts. Un signe de revirement de la position de Berne? On ne l’espère quand même pas car une telle attitude témoignerait d’une regrettable inconstance.