Les CFF savent faire de l’argent. Mais les CFF ne savent plus rassurer la population. «Les CFF bougent la Suisse». Après l’accident ferroviaire de Daillens, le slogan placardé sur le site internet de l’ancienne régie fédérale amène à se demander si les CFF veulent faire de l’humour ou bien s’ils pratiquent le cynisme.
Les CFF bougent tellement la Suisse que celle-ci en est toute sens dessus dessous. Pendant plusieurs jours, les utilisateurs de la ligne Neuchâtel-Genève n’ont pas su à quel saint se vouer. Ils ont cherché en vain des informations rapides et fiables.
Pas de chance pour CFF Cargo. La filiale chargée du transport de marchandises venait de réaliser un exercice très satisfaisant: un bénéfice de 33 millions, qui n’est pas pour rien dans l’accentuation de la couleur noire tartinée sur les résultats financiers enregistrés l’an dernier par les CFF. Le Conseil fédéral a applaudi mais sans plus. Il réclame une amélioration de la productivité dans le transport des voyageurs. Avec quel effectif du personnel? Et surtout quelle motivation?
Ces questions restent ouvertes comme celle de savoir si les objectifs de rentabilité sont compatibles avec la sécurité de la population. Des voix politiques se sont élevées non sans raison après le déraillement de Daillens.
Genève et Vaud se demandent combien de temps ils devront subir quotidiennement le passage de bombes roulantes sur un territoire très peuplé. «Le pari sur la chance n’est plus tolérable», s’insurge la ministre Nuria Gorrite.
Très longtemps, le parcours des CFF a été une histoire d’amour avec les Suisses. Combien de temps encore?
Chronique parue dans GHI du 29-30 avril 2015.