La santé publique se dégrade, m’a confié avec consternation un ami chirurgien genevois. Je lui en ai demandé la raison. Il m’a répondu que c’était parce que la qualité de la médecine baissait. A terme la mortalité pourrait augmenter à nouveau, redoute-t-il.
Et ce spécialiste d’égrener ce qui ne va plus. L’augmentation des délais d’attente aux urgences, par exemple. La formation des médecins, également. Elle laisse à désirer. A Genève, plus besoin de s’adresser à un médecin si l’on veut être vacciné. Il suffit d’aller chez le pharmacien.
Les médecins ont tous les défauts. On leur met sur le dos l’explosion des coûts de la santé alors qu’ils n’y contribuent qu’à hauteur du quart des dépenses. On fait tout pour les mettre au pas. Les remplacer par des infirmiers et infirmières, un métier très noble mais avec une autre mission. Le recours au personnel étranger, toujours plus lointain et moins cher, constitue une fuite en avant dangereuse. Qui soignera les Suisses si d’aventure cette main-d’oeuvre partait ailleurs?
Tuberculose, malformations en raison d’une alimentation sujette à l’arrosage aux pesticides, gastro-entérites chroniques, pathologies nosocomiales. Les conséquences du malaise de la médecine sur la santé s’inscrivent sur fond de querelles dans les hôpitaux. Stress et mobbing aboutissent à des situations parfois dramatiques. Les suicides ne sont pas rares. Le médecin n’est qu’un maillon dans la chaîne des grandes unités aux mains de fonds de placement dont le rendement est l’unique souci.
La pression du lobby pharmaceutique complète ce noir tableau. Le gâteau de la santé en Suisse représente 70 milliards de francs. Sur cette part, combien s’investit dans des médicaments inutiles? Les caisses-maladie qui grignotent sans cesse davantage le budget familial jusqu’à pousser les couches moyennes vers la précarité sont-elles conscientes de la dérive?
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