Qui ne se souvient pas du cérémonial d’ « A bon entendeur », l’émission de la télévision romande qu’elle créa en 1976 avant de l’animer pendant 17 ans. Wahli officiait comme une grande prêtresse, son ton péremptoire en imposait. Hoffmann-La Roche, Migros, les grands groupes économiques n’échappaient pas à son regard inquisiteur. Cette femme qui n’avait pas peur de se faire détester – un trait de caractère trop rare actuellement dans les milieux de l’audiovisuel – osait braver les tribunaux. Elle était crainte dans les milieux les plus puissants du pays parce qu’elle n’hésitait pas à brocarder les faux-semblants commerciaux, les ruses du marketing, l’escroquerie tout simplement.
On la définissait comme l’égérie des consommateurs mais son engagement se situait au-delà de l’équation matérialiste du «j’achète mieux pour mieux acheter». Les personnes qui ont eu la chance de partager son amitié se rendaient compte que sa motivation relevait d’une éthique de vie fondée sur le respect de l’authenticité et l’humanité. Sa curiosité était continuellement en éveil, en témoigne l’intérêt qu’elle portait avec son mari, le journaliste Antoine Bosshard – il fut le correspondant du « Journal de Genève » et du « Temps » à Paris – , aux poilus de la Première Guerre mondiale (1). Cette empathie avait fait du couple un pilier des cérémonies de commémoration de l’Armistice. Il sillonnait la France depuis son refuge de Vézelay, en Bourgogne, pour prononcer des discours. Deux excellents ambassadeurs de leur pays, assurément. Un rôle qu’ils assumaient en toute simplicité.
(1) «Si je reviens comme je l’espère; lettres du front et de l’arrière, 1914-1918»; Marthe, Joseph, Lucien, Marcel Papillon; recueillies et préfacées par Madeleine et Antoine Bosshard; postface, notes historiques et bibliographie de Rémy Cazals et Nicolas Offenstadt.