Plus de jour, que dis-je, plus d’heure sans que l’on nous bassine avec ce satané Brexit. A croire que l’avenir de la planète dépend d’un oui ou d’un non des Britanniques à la question lancinante de leur maintien dans l’Union européenne.
Les compatriotes du Premier ministre David Cameron se prononceront le 23 juin, nul ne sait encore de quel côté penchera le verdict: les sondages s’amusent à entretenir un suspense plus insupportable que ne le fut jamais une énigme d’Agatha Christie. Résultat, le reste du continent se permet d’intervenir dans le débat. Sentiment réel ou feint, des politiciens et experts de tous bords jouent les Mater dolorosa: la catastrophe est au bout du tunnel de la Manche. Non contents de larmoyer sur leur propre sort, ils vont jusqu’à prédire les plaies d’Egypte au bon peuple anglais si d’aventure il tournait le dos à Bruxelles.
My God! Albion est-elle consciente de l’enjeu? Même un autre îlot, la Suisse, participe au concert: et si les Anglais avaient la méchante idée de s’inspirer de son statut? Circulez, les bobbies, il n’y a rien à voir en Suisse, tranchait en substance Pascal Couchepin dans une tribune londonienne en mars dernier. La Suisse, il est vrai, a des raisons de redouter un nouvel assaut contre le franc refuge. Mais l’ancien ministre se fait des illusions s’il s’imagine qu’il sera écouté des faiseurs d’opinion tels que l’économiste Patrick Minford pour qui l’excitation autour du Brexit tourne à la farce. Aux yeux de ce mentor de feu la Dame de fer Thatcher, une voie solitaire serait au contraire synonyme de boom économique.
On leur souhaite beaucoup d’inspiration, aux Britanniques! Eux qui seront peut-être les premiers à statuer bientôt sur un autre nœud gordien, le «partenariat» transatlantique avec les Etats-Unis.