L’économie et la recherche, écrivent en substance les éditorialistes, pâtiront des mesures de rétorsion que pourrait adopter Bruxelles. Quel avenir pour les jeunes générations de ce pays ? Bizarrement, personne, ou presque, n’a cité un autre ténor responsable de la rupture : l’Union syndicale. Ce bastion de la gauche militait légitimement contre la sous-enchère salariale. C’est une alliance contre nature qui l’a amené dans le même camp que l’UDC parmi les partisans du rejet. Il faut donc bien relativiser les choses avant de désigner des coupables.
Que faire aujourd’hui ?
La première chose à corriger est l’idée que l’on se fait de l’UE. On la dépeint comme un grand méchant loup mais cet ensemble d’Etats souffre d’une dépendance psychologique problématique dans la mesure où c’est l’Amérique qui fut à son origine au lendemain de deux conflits généralisés qui ont laissé le Vieux continent exsangue. En bâillonnant l’Allemagne, le vainqueur espérait instaurer une paix durable, tout en neutralisant un concurrent. L’UE résulte d’un compromis et non d’une passion, même si cette caractéristique est commune à nombre d’ententes entre communautés ayant abouti à la création d’un pays, soit dit en passant.
Ce contexte fait que l’UE n’a jamais dépassé le stade du grand marché. Elle n’a jamais accédé au rang de véritable puissance militaire, dotée d’une force de frappe commune. D’ailleurs elle n’en a pas l’envie. D’abord parce que la France ne tient pas à renoncer à sa valise nucléaire. Ensuite parce que l’UE est déjà intégrée au sein d’une structure militaire, un parapluie américain nommé OTAN. Symbolique est la photo officielle du G7 qui s’est tenu en Grande-Bretagne. A côté de l’Anglais Johnson qui fait le pitre, le président américain tout sourire mène sa troupe au doigt et à la baguette. Derrière, l’Européenne von der Leyen et l’Italien Draghi ont l’air de figurants.
Avec des milliers de GI’s sur son territoire, l’UE reste plus que jamais une possession américaine, c’est cela qu’il faut garder à l’esprit en Suisse quand on parle de relations avec Bruxelles. Il faut écarter toute vision romantique dans ce dossier. Pays prospère convoité pour sa stabilité de l’emploi, la Suisse reste courtisée par ses voisins au-delà de ce que pensent beaucoup de commentateurs. Une télévision française assurait récemment que Berne avait arrêté son choix dans le dossier du futur avion de combat. Ce serait le Rafale ! Si cette nouvelle devait se confirmer, la Suisse n’aura rien à craindre de la France, encore moins de Bruxelles. Elle ne pourra que regretter le fameux « dimanche noir de 1992 » qui avait vu le peuple enterrer l’Espace économique, garant d’une tranquillité administrative. Si le « oui » l’avait emporté, les fonctionnaires fédéraux auraient évité trente années de patinage dans le yoghourt.