Tout à la joie de fêter la fin du confinement culturel après six mois de fermeture, une salle de concert d’Yverdon avait programmé une soirée d’improvisation théâtrale. Salle comble assurée dans le respect des consignes, les billets ont été vendus en quelques heures. Mais patatras, l’événement a dû être annulé car la police du commerce n’a pas donné son feu vert. Motif: les artistes invités ne sont pas des professionnels, ils ne gagnent pas leur vie en jouant sur les planches!
Les organisateurs en restent baba. Ils soulignent qu’ils fournissent des contrats et des cachets aux artistes programmés. “Ce fonctionnement est répandu et demeure le meilleur moyen de soutenir et de promouvoir la scène locale dans un pays, la Suisse, qui ne reconnaît pas de véritable statut à l’artiste”, ajoutent-ils. Dès lors pourquoi cette discrimination? Pourquoi accentuer la précarité d’un milieu déjà tellement éprouvé par les mesures sanitaires?
Art officiel! La réponse figure quelque part en filigrane dans les colonnes et sur les ondes des médias. Là où se pavanent les artistes agréés par les réseaux de la propagande et de la communication. Là où sont présentés des CD et des longs métrages à gros budget. Vantés à grands renforts de visionnage ou de publicité le jour qui précède l’édition dite littéraire et culturelle du week-end. Sans surprise aucune, tous les journaux parlant du même artiste ou du même film, le même jour à la même heure.
Ni curiosité ni découverte. A se demander si les critiques éprouvent un plaisir quelconque dans l’exercice de leur métier. Une situation qui les confronte au monde de la création dont les acteurs pèchent par un manque singulier d’originalité et d’inspiration. Leur vacuité n’a d’égal que leur fatuité dans un confort d’artistes établis, choyés et payés par l’Etat. Ce sont ces fonctionnaires de la culture unique qui ont tiré profit de la Covid, hélas.