La candidature de la chancelière allemande à sa propre succession n’est pas forcément une bonne nouvelle pour Deutsche Bank, le géant bancaire à qui Mme Merkel dénie sa vocation d’institut «too big to fail». En d’autres termes, l’Etat ne mettrait pas un sou dans un sauvetage, si tant est que le Titanic d’outre-Rhin ne parvenait pas à se maintenir à flot. Les banques suisses ne seraient pas ravies non plus du probable effet domino qui résulterait d’une telle catastrophe. Mais tout bien considéré, le destrier Merkel – il ressemble davantage à un cheval de labour, soit dit en passant – leur conviendrait mieux que le mustang d’un cowboy social-démocrate déterminé à bouffer de l’ «indien». Les banquiers suisses ont fumé le calumet de la paix en négociant l’échange automatique d’informations fiscales avec les pays membres de l’Union européenne. Mais cela ne les empêche pas de trembler encore, dans leur réserve.
De fait ces dernières semaines de 2016 marqueraient-elle le début de la fin de la pénitence? Comme s’ils profitaient d’un vent chassant la brume, ces mêmes financiers voient le ciel de dégager soudain. Grâce d’abord à Donald Trump. Le futur président américain promet d’assouplir la réglementation qui a frappé le secteur financier sous l’ère Obama. Les grandes banques suisses n’ont pas encore nettoyé toutes leurs casseroles dans l’auberge, mais elles respirent un peu.
Un deuxième signe de répit est l’arc-en-ciel Fillon. En tête de la course à la présidence française dans les rangs de la droite non lepéniste, l’ex-premier ministre de Sarkozy est l’autre grande surprise de l’automne. Il n'a pas encore gagné et la course sera longue. Mais gageons que les banquiers suisses ont à nouveau sablé le champagne dimanche sous leur écran de télévision. A l’instar de Steinbrück en Allemagne, Fillon fut l’un de leurs bourreaux les plus assidus au lendemain du krach de 2008. Il s’est assagi au point de vanter aujourd’hui la qualité des services helvétiques. Mais surtout l’un de ses fils travaille à l’UBS!