Si le Kremlin ne veut plus miser un kopeck sur le locataire de la Maison Blanche, c’est qu’il constate un paradoxe: dans l’histoire, les républicains, plus prévisibles et pragmatiques, conviennent mieux, somme toute, aux intérêts de la Russie que les démocrates.
Les milieux industriels suisses ne sont pas loin de tenir le même raisonnement, eux qui en 2008 réservaient la crème de leur obole au slogan «yes we can». S’affichant en train de jouer au golf avec Barack Obama, le patron d’UBS aux Etats-Unis ne se doutait pas que les années qui allaient suivre seraient celles du cauchemar pour les banques suisses, prises en tenaille entre le krach des subprimes et l’étau fiscal.
En 2012, les grandes banques changeaient de poulain et «votaient» conservateur. Trop tôt. Leur candidat Romney mordait la poussière.
L’acquittement de Raoul Weil par un tribunal de Floride coïncide avec ce changement de paradigme. Après le basculement du Sénat, le retour d’un républicain à la Maison Blanche est de l’ordre du probable. Blancs comme neige ou «coupables», les banquiers suisses peuvent envisager un aller-retour Genève-New York après des années de séjour forcé entre le Jura et les Alpes. Ils le feront d’autant plus volontiers qu’à domicile l’inscription du secret bancaire dans la Constitution n’est plus une chimère et que Mme Widmer-Schlumpf voit s’achever son mandat de pandore au service de l’Amérique.
Ainsi va la vie économique, au rythme du balancier des états d’âme populaires, insensible aux épanchements moraux et aux grands principes.