On se réjouit de voir ce ténor de l’opposition, désormais «récupéré» par Mme Merkel, à l’ouvrage dans un pays qui a décrété l’abandon de l’atome après Fukushima, et se donne dix ans pour y parvenir. Or le mandat de Sigmar Gabriel est justement de reconfigurer l’industrie allemande en partant de la déconstruction nucléaire.
Un projet pour le moins audacieux qui saignera sans doute le budget de l’Etat mais trouvera indéniablement sa contrepartie fiscale dans la mesure où les milliards dépensés iront regarnir les carnets de commande des producteurs d’alternatives énergétiques. On peut parier que dans une décennie, l’Allemagne aura accompli la révolution que les autres grandes nations industrialisées seraient bien inspirées d’entamer elles aussi si tant est qu’elles entendent offrir un futur à leurs jeunes générations.
Mais qu’attendent-elles donc? Les Etats-Unis prennent le chemin inverse en construisant de nouvelles centrales, ne parlons pas de la Chine, encore moins de la France prisonnière de ses 50 usines nucléaires. Voilà un pays qui a pris le pari du tout-nucléaire, confortant au passage son statut de puissance atomique, et dont la fuite en avant se transforme en tragédie antique.
La politique de Paris manque singulièrement d’imagination pour se tirer du bourbier de la crise. Pauvre France qui envoie ses soldats sillonner le désert en Afrique pour sauver l’uranium des démiurges EDF et Areva! Que n’utilise-t-elle l’argent ainsi dépensé pour contribuer à la réalisation d’un véritable projet européen, porteur d’espoirs et d’emplois pour les habitants de l’hexagone? Et pour leurs voisins.