Un coup d’œil sur les articles laisse penser que la couverture n’est pas le seul élément d’information livré à une négociation de souk. Plusieurs papiers signés «la rédaction» ressemblent à de la publicité déguisée, pratique formellement condamnée par la Déclaration des devoirs et des droits des journalistes, le code éthique de la profession.
Le cas ayant été porté devant le Conseil suisse de la presse, on ose croire que l’instance d’autorégulation acceptera de se saisir du dossier. Une telle affaire nuit à la crédibilité des journalistes inscrits au registre professionnel. Elle complique aussi leur tâche en faisant accroire qu’ils écrivent volontiers des articles de complaisance.
L’affaire n’est pas unique. Telle journaliste libre mandatée par un autre titre de la région lémanique a confié à l’auteur de ces lignes ne plus pouvoir travailler dans le strict respect de la déontologie. Des patrons de PME n’acceptent de répondre à des questions que dans la mesure où ils dirigent l’entretien. L’éditeur ne semble voir dans ce procédé aucune offense à la liberté de la presse.
En termes civiques, ces dérives qui affectent le prétendu quatrième pouvoir sont graves. Elles favorisent l’accoutumance des décideurs aux combines et créent un climat peu propice à la transparence de l’information dont la bonne marche de l’industrie et de la finance est tributaire. Elles s’inscrivent dans une tendance de fond autrement plus dangereuse pour la presse que l’abandon quasiment programmé de l’aide indirecte sous la forme de rabais postaux.