Le château d’eau de l’Europe est-il menacé? Les avis se déchaînent, très contrastés. Les partisans de la libéralisation, à l’instar de l’ancien ministre Couchepin, seraient prêts à accepter l’idée d’une vente d’une partie du patrimoine aquifère à un ou plusieurs groupes étrangers. Que ceux-ci soient arabes, russes ou chinois n’a aucune importance.
En face, les tenants du monopole étatique reprennent du poil de la bête. C’est le cas de Pierre-Yves Maillard qui milita en 2002 contre l’ouverture du marché de l’électricité. Le président du gouvernement vaudois souhaiterait une reprise du contrôle total du capital d’Alpiq par les villes et les cantons.
Une troisième voie se dessine, à mi-chemin entre les deux autres, elle émane de Philippe Roch. L’ancien secrétaire d’Etat à l’environnement estime qu’il convient d’abandonner les centrales nucléaires mal gérées à leur triste sort. Par contre il incombe aux collectivités publiques d’empêcher les barrages de tomber en mains étrangères.
Quelle que soit la solution retenue, on peut se demander pourquoi le psychodrame n’éclate qu’aujourd’hui. En raison des zones d’ombre qui entourent le dossier? Il y a cinq ans, des spécialistes de la branche tiraient déjà la sonnette d’alarme, parlant d’économie de casino et d’entreprise «too strategic to fail».
Les problèmes financiers d’Alpiq ne datent pas d’hier. La grande générosité en termes de bonus et de parachutes dorés aux dirigeants non plus.