Eux qui visaient trois sièges à la municipalité devront batailler ferme pour maintenir leur présence au gouvernement de la métropole vaudoise. Voilà ce que c’est d’avoir les yeux plus gros que le ventre. Les Verts lausannois paient probablement l’arrogance héritée de plusieurs décennies d’avancée politique dans le convoi tiré par leur locomotive, Daniel Brélaz. L’ancien syndic qui a réponse à tout fut le premier élu du mouvement aux Chambres fédérales, rappelons-le.
En ouvrant l’enveloppe de vote, l’électeur vaudois votant traditionnellement pour les Verts avait l’embarras du choix face à l’avalanche des candidats. Un signe que Greta avait sillonné les rues de la capitale il n’y a pas si longtemps, ratissant large pour la cause environnementale. La jeune Suédoise a suscité des vocations. Dans la foulée du résultat des élections fédérales de 2019, les politiciennes et politiciens en herbe se sont dit qu’il y avait un coup à jouer. Pourquoi ne pas profiter à leur tour du raz-de-marée vert en militant dans les rangs écologistes? Le calcul est logique, voire légitime. Mais il se heurte aux réalités du moment. Qu’ont fait les députés verts pendant le confinement, à part ceinturer de guirlandes les arbres longeant les artères de la ville? Leurs homologues à Berne n’ont pas été plus entreprenants, entérinant les yeux fermés les budgets à hauteur de milliards destinés à sauver l’économie du coronavirus.
On peut s’étonner aussi que les politiciens verts s’égarent trop souvent dans maints objets qui n’ont rien à voir avec l’environnement. Ce faisant, ils rendent service à leurs alliés en rose bonbon mais ne font pas avancer la cause écologiste. Celle-ci a beaucoup évolué depuis les premières escarmouches au parlement. Dévolu aux piétons consuméristes, le centre des villes, premier cheval de bataille des Verts, ne fait plus rêver l’électeur qui veut tenter autre chose. Mais quoi? Telle est la question. Reprendre activement le combat antinucléaire et OGM? Contester le tourisme destructeur de civilisation et la spéculation immobilière? Ces pistes sont à explorer sérieusement mais la crise sanitaire qui polarise les anxiétés ne fait pas avancer le débat.
Les Verts pourraient se racheter pourtant en misant sur les véritables enjeux de la survie planétaire. A commencer par le soutien apporté aux idéalistes de l’engagement climatique, qui sont en fait les véritables réalistes du moment. Sur la colline du Mormont, les zadistes s’apprêtent à tenir tête aux forces de l’ordre déterminées à les en déloger avant la fin du mois, période coïncidant avec le deuxième tour des élections. Le Vert qui oserait se profiler à leurs côtés aurait tout à gagner en termes d’image.