Résultat des courses, le public ne saura pas grand chose du contenu de cette réunion qui se tient à un moment de crise majeure. A Athènes, le même jour, une troïka d’experts de l’Union européenne, de la Banque centrale européenne et du FMI débattent de l’avenir de la Grèce.
A Zurich, ce 10 mai 2011, on ne chôme pas non plus puisque les participants ne sont autres que des acteurs clés du débat sur la dette européenne. Le président de la BNS Philipp Hildebrand accueille la ministre française de l’Economie Christine Lagarde et le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn. On est quatre jours avant l’arrestation de ce dernier à New York. Un événement qui n’est probablement pas pour rien dans l’irritation de nombreux journalistes tenus à l’écart des débats et qui se demandent si cette exclusion ne les a pas privés d’éléments importants permettant d’éclairer l’actualité.
Le malaise se traduit dans une missive que l’Association de la presse étrangère en Suisse et au Liechtenstein (APES) a adressée le 20 mai dernier au porte-parole de la BNS, Walter Meier. « Nous aimerions protester vigoureusement contre une politique discriminatoire qui privilégie un petit groupe de journalistes, alors qu’il s’agissait d’une conférence internationale susceptible d’intéresser beaucoup de nos membres », écrivent la président de l’APES Emilia Nazarenko (« The Day », Ukraine) et la secrétaire générale de l’APES Frances Williams (« Financial Times »).
La BNS changera-t-elle d’attitude lors de la prochaine réunion du même style ? « La conférence n’était pas un événement public. Nous n’avons invité qu’un nombre très limité de journalistes sous réserve de respecter la règle de Chatham House», insiste Walter Meier, laissant peu d’espoir quant à une plus grande ouverture.
Une position qui ne manque pas d’étonner le correspondant de l’Agence France Presse (AFP) à Zurich, André Lehmann. En compagnie de plusieurs journalistes, il a fait le pied de grue dans le lobby de l’hôtel où se tenait la conférence. « DSK est venu nous serrer la main en précisant qu’il ne nous dirait rien. Quant à Mme Lagarde, elle avait un avion à prendre. Je ne suis pas d’accord non plus avec cette discrimination. Tant la BNS que le FMI sont des institutions publiques ».
(Article paru dans « La Liberté » du 31 mai 2011)