Aujourd’hui, le Tessinois ne fait plus carrière «oltralpe» (au-delà des Alpes), constate avec dépit le président du Festival du film de Locarno, Marco Solari, 67 ans, un autre habitant du canton bleu et rouge à s’être fait un nom au niveau national (il a été l’administrateur-délégué de Migros puis numéro deux du plus grand groupe de presse helvétique, Ringier).
A ses côtés, Enrico Morresi, 75 ans, opine du chef. Ce journaliste de haut vol a présidé au début des années quatre-vingt la Fédération suisse des journalistes (aujourd’hui impressum) avant de s’engager au sein du Conseil suisse de la presse. Le débat a lieu à Bellinzone le 25 novembre 2011 en marge de la réunion du Conseil de fondation du Conseil suisse de la presse, le dernier que préside Enrico Morresi.
La Suisse italienne pleure son influence perdue. Mais dès lors pourquoi ne fait-elle pas bloc derrière Marina Carobbio? Candidate au Conseil fédéral, cette militante de la gauche socialiste ne jouira pas de l’appui officiel de son parti en vue de l’élection du 14 décembre 2011. Les organes dirigeants socialistes lui préfèrent les Romands Maillard et Berset. Autrefois efficace, le lobby tessinois n’a, semble-t-il, rien pu faire. En tant que deuxième minorité linguistique, la Suisse italienne aurait pourtant toutes les raisons d’avoir SON siège au gouvernement.
Participant à la réunion susmentionnée, le soussigné s’est permis d’observer que la Lega, parti de la droite nationaliste tessinoise, n’appuie pas la candidature Carobbio. Et de se demander s’il n’y avait pas quelque schizophrénie dans le relatif profil bas affiché par la Suisse italienne. Dans le canton de Vaud, Maillard jouit d’un soutien autrement plus large, et pourtant il vient de la gauche de la gauche, comme Carobbio. Réponse de Marco Solari: «En Suisse romande, vous n’avez pas la Lega, justement». Elémentaire, mon cher Watson.