Tous ont connu des infortunes à des titres divers, relève non sans malice l’agence américaine Bloomberg. Laquelle cite en premier lieu le prédateur médiatique Rupert Murdoch, pris dans la tourmente du scandale des écoutes en Grande-Bretagne.
D’autres feront tapisserie avec lui: le président démissionnaire de la BNS, Philipp Hildebrand, l’ex-patron d’UBS Oswald Gruebel, qui théorisait il y a deux ans encore sur l’avenir de la finance, l’ex-directeur du FMI Dominique Strauss-Kahn ou encore Saïf Al Islam, la carte de visite de la famille Kadhafi. Celui que Klaus Schwab, l’inventeur du WEF, avait sacré «World Young Leader» en 2006 est actuellement en prison.
Ainsi passe la gloire, balayée par les vents de janvier. La cuvée Davos 2012 sera-t-elle de la même inconsistance que les précédentes? Le WEF n’a rien prévu en 2011, encore moins en 2010 et toutes les années inscrites dans la machine à remonter le temps. Pourtant les médias accourent à chaque édition comme des lucioles assoiffées de lumière. Si le mage Schwab a un talent, c’est bien celui du marketing. Il faut tout de même un sacré culot pour faire croire à la planète entière que son avenir se joue à Davos.
Davos serait plus crédible si ses organisateurs invitaient des personnages en marge du courant dominant du pouvoir dit mondial. Au vu des tensions actuelles, on trouverait intéressant, par exemple, qu’un Assad, le président de la Syrie, ou un Ahmadinejad, son homologue iranien, s’entretiennent avec leurs «ennemis». Rien ne vaut une bonne fondue pour amadouer les esprits les plus belliqueux. Mais ce genre d’événement n’a aucune chance de voir le jour à Davos.
En revanche on peut s’attendre à ce que les éternels donneurs de leçon du grand manège économique scintillent de tous leurs feux sur les hauteurs grisonnes. Le FMI, par exemple, est bien décidé à s’y refaire une vertu. Dès 2003, le gendarme de la finance ratait le virage latino-américain. Excédés par les sacrifices que leur imposait le FMI depuis une décennie, les Argentins renvoyaient ses experts à leurs chères études. Bien leur en a pris car aujourd’hui l’Argentine va moins mal que le sud de l’Europe, une région que convoite… le FMI, justement. En Grèce, en Italie, ce dernier a imposé des plans de relance drastique, avec une série de privatisations à la clé. Il faudra payer plus cher la poste, les hôpitaux….
La facture sociale n’a pas encore été présentée mais elle sera salée. C’est bien ce qu’a compris la Hongrie qui rechigne à céder face aux exigences du FMI. D’autres pays suivront-ils son exemple dans un réflexe patriotique? La question mérite que l’on s’y attarde car les enjeux ne sont rien d’autre que la survie de l’Union européenne et la stabilité du continent. Mais qui s’en soucie, à Davos?