J’ajouterais que s’il l’avait été, l’Islande n’aurait jamais atteint les quarts de finale. Mieux, le Pays de Galles n’aurait jamais pu disputer une demi-finale, son rêve absolu depuis la nuit des temps du foot.
Et que dire de la Hongrie, surprenante cheffe de file de son groupe devant l’Islande et … le Portugal? D’un poteau s’en est fallu qu’elle n’éliminât carrément le pays ibérique après avoir mené trois fois au score.
Si l’euro avait été pipé, le grand favori espagnol n’aurait pas sombré au premier tour contre l’Italie, une équipe que personne n’attendait cette fois. Quant à l’ «éternelle» Allemagne, elle aurait gagné à la fin au lieu de perdre contre la France, d’habitude son souffre-douleur.
Si l’euro avait été pipé, les arbitres auraient été au centre du scandale. L’un ou l’autre eût été pris en flagrant délit de manipulation du cours du jeu. Il y eut certes des attributions plus ou moins sévères de cartons jaunes ou rouges, un ou deux penalties sifflés intempestivement, d’autres ignorés, mais l’erreur reste humaine et dans l’ensemble l’arbitrage fut correct.
On n’a pas toujours pu en dire autant lors de précédentes compétitions de même niveau. Les aînés se souviennent de cette fameuse phase finale du mondial 1978. Il fallait quatre buts d’écart à l’Argentine, organisatrice du tournoi, pour poursuivre en huitièmes et combler les rêves de prestige du dictateur Videla qui dirigeait le pays. L’Albiceste gagna 6-0 contre le Pérou…
Enfin si l’euro avait été pipé, j’aurais terminé probablement en tête du classement du petit concours de pronostics réalisé avec mes fils et leurs amis. Parce que les résultats auraient été trop prévisibles. Je ne m’en sors pas trop mal mais c’est grâce à de la chance. Sans un surcroît de réussite, l’Irlande n’aurait pas gagné contre l’Italie, la Slovaquie n’aurait pas fait match nul contre l’Angleterre. L’issue tient souvent à peu de choses. La séduisante Suisse de M. Xhaka en sait quelque chose, qui perdit aux tirs au but contre la Pologne.
Pour terminer cette chronique parfaitement futile et subjective, je ne saurais ignorer l’intense échange qui se déroula sur WhatsApp lors de la finale Portugal-France. Je comprends bien sûr l’intense bonheur lusitanien. Et je m’en voudrais de ne pas féliciter MM Ronaldo et consorts. Mais mon coeur n’en a pas moins battu pour les Bleus et leur artiste – très peu tatoué! – Antoine Griezmann. J’ai donc compati avec très peu de sérénité au malheur des citadins submergés par l’interminable séance de klaxons cocoricos à crête rouge-vert qui suivit le coup de sifflet final. Portugal ou Dors-tu mal?