C’est le ministre de la Défense qu’il aurait fallu envoyer à Washington la semaine dernière pour sauver le Credit Suisse. Et non la malheureuse Evelyne Widmer-Schlumpf dont on voit mal ce qu’elle aura pu offrir à sa contrepartie américaine pour tirer la grande banque du pétrin. Un bon F/A-18 de la nouvelle génération et vous passez l’éponge sur le conflit fiscal qui vous oppose au Credit Suisse: que diriez-vous de cette idée, M. le Ministre de la Justice des Etats-Unis?
Blague à part, Credit Suisse est dans de sales draps, il risque carrément le dépôt de bilan si les Etats-Unis lui retirent sa licence bancaire. Principal actionnaire de la banque helvétique, le Qatar doit se demander ce qui lui a pris d’entrer dans cette galère quand il a acquis une participation importante au capital au lendemain de la crise de 2008. L’opulent émirat est déjà mal vu à Washington en raison de son soutien à la télévision arabe Al-Jazeera, concurrente de CNN. On le voit mal mettre la main à la poche pour payer l’amende dantesque qui pend au nez de Credit Suisse.
La bonne poire qui passera à la caisse, le cas échéant, ce sera une fois de plus le contribuable helvétique. Lequel commence à être rodé. Vous et moi avons appris par cœur la liste des instituts «too big to fail» – trop grands pour faire faillite – devenus entre-temps «too big to jail» – trop grands pour connaître la taule. Credit Suisse et UBS en font partie. Pictet aura-t-elle un jour cet honneur? La grande banque genevoise se trouve aussi dans le collimateur de la justice suite à l’inculpation aux Etats-Unis d’un ancien gérant de fortune indépendant. Elle est surtout entrée dans le club des SA après avoir abandonné son statut de banque privée.