Autrement dit susceptibles de bénéficier de la manne fédérale, en plus de celle du canton, en cas de coup dur. D’autres pourraient figurer bientôt sur la liste, la banque Raiffeisen, par exemple.
Touchons du bois, mais si une catastrophe devait survenir un jour, gageons que la solution évitera soigneusement une fois encore de titiller le modèle de la nationalisation. Reste que si la Suisse bannit ce terme de son vocabulaire, on peut se demander pourquoi.
La pudeur prévalait déjà en 1933 quand la Confédération injecta beaucoup d’argent dans le sauvetage de la Banque populaire suisse, institut «too big to fail» de l’époque. Parallèlement, Berne prenait une participation au capital et déléguait des fonctionnaires au conseil d’administration. Partout ailleurs on aurait parlé de nationalisation classique. Mais pas en Suisse.
En 2008, la Confédération n’a pas voulu non plus utiliser le mot «étatisation» au moment où coulait le Titanic bancaire. Pourtant le renflouement d’UBS a nécessité des milliards pris dans la caisse publique. Leur remboursement aujourd’hui n’efface en rien le risque pris à l’époque.
Socialiser les pertes et privatiser les bénéfices, voilà une équation bien pratique en effet, qui sous-tend sans doute l’aversion pour la collectivisation et le recul des pouvoirs publics face à leurs responsabilités civiques. Les usagers de la Poste et des CFF, deux régies dont les tarifs augmentent sans contrepartie avantageuse et qui multiplient les incursions sur le terrain consumériste en vendant des peluches et des cafés Starbucks quand elles ne versent pas dans l’immobilier, en savent quelque chose.
Article paru dans GHI du 20-21 novembre 2013
Aktuell entnommen aus La Meduse