Mercredi 7 novembre, la Bourse suisse a suivi le mouvement avant de se reprendre jeudi, à contre-sens de son «blue chip» bancaire. L’action UBS a subi, dans les premiers échanges, l’une des plus fortes chutes de l’indice des valeurs vedettes.
On peut se réjouir de la victoire de M. Obama – c’est notre cas. Reste que la superficialité des médias, particulièrement en Suisse romande, étonne quand même. La Bourse est en effet le bas de laine des fonds de pension, au point qu’elle réduit en otage le commun des mortels, une perverse et regrettable évolution du système qui régit l’économie mondiale. Evacuer cette réalité en limitant l’information aux embrassades des locataires de la Maison Blanche et à la liesse de leurs supporters est pour le moins futile et réducteur.
La réaction du titre UBS révèle le malaise des banquiers helvétiques qui ont misé sur un changement de locataire à la Maison Blanche. Pari raté. Tel directeur américain d’UBS n’aura pas un poste d’ambassadeur dans un pays exotique. Il aurait pu en rêver en accordant des dizaines de milliers de dollars à la campagne du candidat Romney. Lequel, soit dit en passant, disposait d’un compte UBS avant de le fermer en pleine campagne électorale, suite à des critiques parues dans la presse américaine.
Chez le concurrent Credit Suisse, des responsables américains ne sont pas en reste. Cumulés, leurs dons pour soutenir la campagne républicaine ont atteint plusieurs centaines de milliers de dollars. Autant dire que pour ces acteurs importants de la finance, le cauchemar américain a toutes les chances de se poursuivre. Evanoui également, leur espoir d’abroger la loi Dodd-Frank, qui limite l’influence de Wall Street depuis le krach de 2008.
Les inspecteurs américains du fisc auront donc toute latitude pour continuer à mettre leur nez dans les avoirs suisses de leurs compatriotes. Ceux-ci ne savent déjà plus à quel saint se vouer. Le quotidien le «Matin» évoquait tout récemment le cas ubuesque d’une cliente d’une banque cantonale, possédant la double nationalité, Suisse et Américaine. Elle vit en Europe orientale mais se voit contrainte par son AVS d’avoir un compte en Suisse. Résultat: elle est devenue persona non grata dans sa banque.
Peut-être devrait-on lui conseiller de frapper à la porte de Postfinance ou bien de la Banque Julius Bär, deux établissements qui accepteraient encore l’argent des Américains. S’ils le font, c’est qu’il y a bien une porte de sortie. Dont pourraient s’inspirer d’autres banques qui pataugent dans le yoghourt, si tant est que la Finma leur en laisse le loisir. On se souvient qu’en retirant sa licence bancaire à Wegelin, le gendarme de la finance avait provoqué la mort subite de la plus ancienne enseigne privée de Suisse.