Hors des frontières de leur enclos alpin, beaucoup de banquiers suisses ne connaissent plus le repos, on les tire comme des ours de l’Engadine. Mais qui veut mourir pour eux? Dans le canton de Vaud, une sorte de cellule psychologique a été mise sur pied pour consoler les employés de la BCV dont les noms seront livrés à Washington. Le monde politique n’a pas osé aller plus loin, désavouant la gauche qui aurait aimé obtenir d’abord un verdict du Tribunal fédéral.
Peu probable que ce séchoir à larmes suffise à rassurer véritablement les principaux intéressés. L’arrestation en Italie, l’an passé, de Raoul Weil, ex-ponte d’UBS extradé dans la foulée aux Etats-Unis a été le détonateur d’un sauve-qui-peut général. Depuis, les affaires succèdent aux affaires, la dynamique de la tension ne fait que s’emballer. En juin dernier, on apprenait que plus de cent banques avaient décidé de «collaborer» avec Washington, un chiffre seulement provisoire.
Mais combien sont-ils, ces «parias»? En octobre 2013, le président de la Chambre de commerce Suisse-Etats-Unis estimait à un millier le nombre de banquiers ne pouvant plus quitter la Suisse. L’association suisse des employés de banque juge ce chiffre exagéré. Mais comme les gestionnaires de fortune ne constituent pas le gros de ses effectifs, il est très difficile d’obtenir une image exacte de la situation.
Les témoignages recueillis dans des cercles privés font état d’un flottement certain que ne dissipent pas les menaces pesant sur UBS en France. Ce pays ayant rejoint l’Amérique au sein de la coalition qui mène les hostilités contre la Suisse, le conflit s’internationalise. On peut donc s’attendre à ce que le malaise prenne de l’ampleur.