A t-elle pour autant glané des points en vue de la votation du 4 mars prochain sur l’abolition de la redevance? Rien n’est moins sûr, hélas. Reste que ce thriller made in Switzerland a battu des records d’audience, non sans raison. Le casting est de qualité avec de bons comédiens parfois impliqués dans des contre-rôles à l’image du comédien Vincent Kucholl, transformé en héritier tragique d’une dynastie de banquiers privés sur le déclin. Le décor ne dépayse pas, ce qui ajoute au réalisme de l’intrigue. Les limousines aux vitres opaques évoluent dans l’opulente Genève et sa campagne aux allées rectilignes bordées d’arbres centenaires.
La trame séduit particulièrement. Boxé, sonné par un fisc américain déterminé à taxer l’argent de ses ressortissants détenteurs de comptes non déclarés, le secret bancaire est dans les cordes. Des conseillers fédéraux négocient sa reddition sans conditions à Washington. Des extraits de films d’archive défilent dans les journaux télévisés anxiogènes qu’ingurgitent les protagonistes du film, des gestionnaires de fortune désemparés. La tension monte dans un climat délétère sur fond de soirées orgiaques. Le jeune PDG diabétique tombe dans le coma, présumément suite à une surdose d’insuline.
L’intensité dramatique atteint son comble quand des clients détenteurs de comptes numérotés se voient signifier qu’ils sont devenus indésirables. Naturellement il ne s’agit pas des grosses fortunes qui ont pu s’exiler à temps dans les paradis fiscaux. Moins drôle encore, les employés de la banque réalisent à leur tour qu’ils sont les dindons de la farce. Berne les a vendus à Washington, en quelque sorte. Impossible de quitter le territoire helvétique sans courir le risque d’une extradition vers les Etats-Unis. Au bout de la prison dorée, guette parfois le suicide.
La banque sera sauvée par le personnage que l’on attendait le moins au début du film. La cadette du clan familial propriétaire de l’établissement prend l’ascendant sur ses frères au nom d’un retour à l’ « éthique ». C’est là que le scénario pèche par une certaine invraisemblance. Car la réalité n’est pas aussi rose. La fin du secret bancaire n’a pas tari l’afflux de fonds vers la Suisse, au contraire. Ceux-ci ont simplement changé de couleur, sans que l’on sache s’ils sont forcément devenus plus propres.