En 2005, Viktor Pintchouk, un homme d’affaires de Kiev très introduit à Washington, crée à Davos les lunchs ukrainiens, rendez-vous incontournable d’oligarques. Sous l’œil peu désintéressé de George Soros, Bill Clinton ou Dominique Strauss-Kahn, des industriels ukrainiens en vue se bousculent dans la station grisonne.
En 2013, alors que la réunion s’inscrit sous le thème L’Ukraine entre l’Ouest et l’Est, faux dilemme?, on remarque également à la table des VIP l’étoile montante de la politique ukrainienne, l’ancien boxeur Vitali Klitschko. L’année précédente, l’objectif du photographe davosien immortalisait l’ancien boxeur enserrant la main du président Ianoukovitch en personne.
En 2014, les lunchs ukrainiens ne figurent plus à l’agenda de Davos. Ils disparaissent, imitant le sort de l’homme fort de Kiev, qui se réfugie en Russie. Vitali Klitschko, lui, parade dans la capitale de son pays. Mais que sont devenus les oligarques? Habitué de Davos, le roi de l’acier Rihat Akhmetov affiche un profil bas après la fuite de son ami Ianoukovitch. A Genève, le directeur d’un maillon de son empire sera entendu par la justice dans le cadre de l’enquête pénale ouverte contre l’ancien président ukrainien.
Plus décontracté, Viktor Pintchouk attend peut-être son heure. Même s’il est le beau-fils du très russophile ancien président de l’Ukraine Koutchma, il s’affiche pro-européen. Reste à voir comment Moscou brouillera les cartes du grand monopoly qui se prépare. Né à Lviv, en Ukraine, mais proche du premier ministre russe, Viktor Vekselberg, propriétaire du conglomérat Oerlikon, est de ceux qui symbolisent le mieux ce jeu de poupées russes au cœur de la Suisse.
Chronique parue dans GHI du 19 mars 2014.