Une plate-forme commerciale au-dessus des hommes et des lois, réunissant les peuples de l’Occident, plus de 800 millions de personnes.
Négocié depuis trois ans sans tambour ni trompettes entre Washington et Bruxelles, le Traité de libre-échange transatlantique, Tafta pour les intimes, subit un coup d’arrêt peut-être définitif après les déclarations mortifères de deux ministres européens, le vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel et le secrétaire d’Etat français au Commerce extérieur, Matthias Fekl.
De quoi décourager les plus stakhanovistes des négociateurs d’un projet incluant également le Canada, le Mexique, la Suisse ainsi que les pays candidats à l’adhésion à l’Union européenne. Parmi eux: une certaine Turquie. Stratégie délibérée ou simple hasard du calendrier, la déchéance du Tafta coïncide avec le refroidissement géopolitique qui affecte les relations entre Bruxelles et Ankara depuis le putsch de juillet 2016.
Dévoué à la conclusion d’un accord sur le Tafta, le président des Etats-Unis achèvera-t-il son mandat sur un douloureux échec? M. Obama ne sera pas parvenu à faire plaisir aux industriels du gaz de schiste, du bœuf aux hormones, des OGM, ceux dont les détracteurs du Tafta disent qu’ils seraient les principaux bénéficiaires de l’accord. Il devra se contenter de faire suivre le dossier à son successeur, si tant est qu’il veuille reprendre le flambeau… Les deux candidats, cédant aux sirènes du protectionnisme, seraient hostiles au Tafta. Posture irrémédiable? Qui oserait mettre sa main au feu pour douter d’un revirement quand les enjeux se teintent de l’or des intérêts courtisans, en l’occurrence le pouvoir occulte de lobbies chimiques et militaires?