Docteur honoris causa de l'Université de Fribourg, M. Strauss-Kahn peut faire une croix sur ses ambitions présidentielles et nourrir des soucis quant à son avenir tout court. Elu en 2007 au FMI, son mandat s'achève normalement fin 2012. Une candidature à la fonction suprême dans son pays d'origine l'aurait autorisé à prendre quelque liberté avec son engagement. Mais il aurait pu aussi très bien rempiler au FMI pour cinq nouvelles années. L'enjeu, après tout, demeure à la hauteur des appétits du personnage.
En débarquant au FMI, cet ancien ministre de l?Industrie de l'ère Mitterrand n'avait-il pas promis qu'il réformerait l?organisation traditionnellement à la botte de l?Europe et des Etats-Unis? En 2010, le G20 entérinait certes une augmentation du capital, ouvrant la porte à de grands pays émergents. Mais en matière de démocratisation du FMI, on est encore loin du compte. Le chantier ne fait même que démarrer : en termes d?image, le « financier » de la planète n'est pas mieux coté que l?OMC, le « gendarme » du commerce mondial. On l'accuse, non sans raison, de brader les patrimoines économiques locaux au profit des multinationales et de politiciens corrompus, creusant ainsi le lit des mouvements xénophobes et extrémistes.
Le moment est crucial car il ne fait pas de doute que les déboires du directeur général du FMI vont décomplexer les candidatures à sa succession en provenance du Sud. L'Inde, la Chine et la Turquie battent la semelle et l'on peut compter sur ces Etats pour maintenir la pression en vue de faire sauter le verrou.